Friday, 19/4/2024 UTC+1
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Jugetsudo

Jugetsudo

Quitter la circulation et l’agitation du trottoir parisien pour s’engouffrer dans la Maison de Thé Jugetsudo est un délice. Le célèbre architecte japonais Kengo Kuma en a fait un « temple aux bambous », qui allie tradition japonaise et élégance contemporaine. Des bambous suspendus qui jalonnent le plafond créent une illusion d’optique, procurant à l’espace une dimension onirique.

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A l’entrée de la Maison, Yosuke Araki, disciple de l’école Urasenke (l’une des trois principales écoles de cérémonie du thé, avec Omotesenke et Mushanokoji Senke), nous invite au comptoir tout en liant un breuvage à l’aide du chasen, petit fouet à thé en bambou. « Tous les thés japonais sont verts », nous explique-t-elle. Le son léger de l’eau qui bout, les effluves de thé vert et les mouvements délicats de notre hôte nous plongent instantanément dans la pratique ca zen du thé, qui suscite l’éveil des sens et nous prépare à une meilleure dégustation du breuvage. Nous sommes alors envahie d’images du mont Fuji, sur les pentes duquel poussent les feuilles disposées sous nos yeux, entre deux théières en terre cuite.« Nous sommes les seuls, ici, à proposer le thé que nous produisons nous-mêmes, ce qui fait de notre établissement l’unique Maison de hé japonais parisienne », explique Megumi Ibusuki, bras droit de la directrice, Maki Maruyama.

Depuis cinquante-cinq ans, la maison mère, Maruyama Nori, basée à Tokyo et dirigée par M. Kuniji Maruyama, produit du thé issu des champs de théiers situés sur les hautes terres de Kakegawa, dans la région Shizuoka, qui longe la côte de l’océan Pacifique, connue pour l’excellence de ses cultures. La différence de température entre le jour et la nuit ainsi que le climat montagneux rafraîchi par les brumes du matin réunissent les meilleures conditions pour produire les grands crus. Et les variétés de théiers, le moment de la cueillette, le degré de maturité des feuilles et des bourgeons, l’exposition à la lumière et à l’humidité des arbres, la présentation en feuilles ou en poudre font la variété des thés proposés.

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La récolte a lieu dès la fin avril : les feuilles sont aussitôt transportées à l’usine, où elles sont vivement chauffées à la vapeur.Les   variations dans les techniques de roulage, de vannage et de séchage, dirigées par les maîtres d’oeuvre, offrent une multitude de formes et d’aspects au thé. Ces procédés qui ne mettent en jeu que la chaleur, l’eau et l’air permettent de livrer aux clients un produit complètement naturel. Ainsi, chez Jugetsudo, on trouve le thé vert grillé Hojicha au goût irrésistible de noisette, le Sencha Asa classique et le Sencha Tsuki supérieur, dont les feuilles ont été cueillies respectivement en bas et au sommet du théier au début de l’été. Le thé vert Sencha Haru, lui, est fait avec les bourgeons du printemps. Quant au sublime Gyokuro Misho, il offre au palais des saveurs pleines de nuances et de douceur aux notes légumières, car ses théiers sont, tout au long de leur évolution, recouverts d’un tissu noir pour les préserver du soleil.
Dans cette maison du thé d’exception, on peut déguster le Gyokuro Karigane, le Matcha Fuji no Haru, le Matcha Hatsumukashi et le Genmaicha, « le plus apprécié de notre clientèle française », précise Megumi Ibusuki. D’ailleurs, nombre d’établissements parisiens sont déjà adeptes de ces breuvages, dont le Water Bar Chez Colette, Usagi, Shu, Kai, l’Hôtel Lancaster ou L’Eclaireur.

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Et nous ne devrions pas tarder à voir fleurir les thés Jugetsudo sur les cartes du Ritz, du George-V et du Benkay. La maison Maruyama Nori est aussi réputée pour la qualité de ses algues. « Nos algues sont les meilleures du Japon. Il n’y en a pas de meilleures au monde », affirme la directrice adjointe du lieu. La maison est le fournisseur officiel du très renommé restaurant japonais Sukiyabashi Jiro, trois étoiles au Guide Michelin, dans le très chic quartier de Ginza, à Tokyo. Des milliers de restaurants utilisent exclusivement les algues de Maruyama Nori au Japon, d’ores et déjà disponibles dans la boutique Jugetsudo parisienne.

C’est en 1980 que M. Kuniji Maruyama a créé la marque de thé Jugetsudo dans le respect de la culture de l’excellence, avant de se laisser convaincre par sa fille aînée, Maki Maruyama, d’ouvrir une antenne dans le VIe arrondissement de Paris, au 95 de la rue de Seine. Cette dernière a souhaité rester fidèle aux critères ancestraux de la maison de thé japonaise en aménageant, dans le sous-sol parisien en pierre de taille, un espace entièrement dédié à la cérémonie du thé. Tous les samedis, à 14 heures et à 16 heures, la clientèle est invitée à découvrir ce rituel japonais sur tatami. L’initiation aux gestes précis que nécessite la dégustation du thé Matcha accompagné de ses douceurs locales, la contemplation, l’évocation de la nature, essentielle dans la culture japonaise, conduisent les amateurs à la méditation et à la sérénité.

Le nom « Jugetsudo », qui se traduit littéralement du japonais par « l’endroit d’où l’on regarde la lune », sied à ravir à la délicatesse et la joliesse de l’endroit.. Que pouvons-nous souhaiter aux responsables du lieu ? «Nous cherchons des pâtissiers français qui accepteraient de cuisiner, à notre façon, les sucreries traditionnelles japonaises avec des produits fraîchement importés », confie Maki Maruyama. Elleajoute : « Nous avons remarqué que la clientèle italienne était particulièrement sensible à nos produits. Il serait intéressant pour nous de travailler en partenariat avec un distributeur basé en Italie. » Les requêtes sont lancées. Avis aux amateurs !

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